


"Ce n’est pas que nous croyons aux elfes, c'est que nous respectons la possibilité qu’ils soient là."
Ce proverbe islandais traduit la philosophie de cohabitation avec l’invisible qui fait partie de ce que l’anthropologue Christophe Pons – spécialiste des liens entre les morts et les vivants en Islande - appelle « la pensée silencieuse (…) : une structure gouvernante qui ordonne le tout, une pensée agissante qui impulse le système en faisant pression sur les comportements individuels. »
S’abritant dans les collines herbeuses, dans les roches, dans les volcans, le Hudulfolk – le peuple caché – incarne une écologie culturelle et spirituelle où le respect d’êtres invisibles engendre une relation intime et respectueuse entre les humains et la nature.
Un premier temps de résidence a eu lien en mai 2025 dans la péninsule de Snaefellness afin de rencontrer des pierres qui hébergent les Hudulfolks. Ce projet de recherche-création s'inscrit dans le cadre de mes activités de recherche au sein du laboratoire "Spacetelling - espaces, fictions et corps politiques" à l'école d'art et de design de Saint Etienne.
Il est actuellement en cours d'élaboration, et donne(ra) naissance à un texte fictionnel, une édition photographique, une performance intitulée "Tentative quelque peu facile pour apprivoiser l'Invisible en espérant qu'il se manifeste" et un article de recherche d'ici 2026.
Peninsula Whispers
A la recherche du peuple caché - projet en cours

"Le paysage concernera non plus tant la vue que le vivre".
Les mots de François Jullien, philosophe et sinologue, sont d'une grande justesse ici : difficile de ne pas être traversée par le vivre du paysage islandais, puisqu’on y expérimente continuellement, pour citer encore F. Jullien, "ce qui est le propre d'un paysage (...) : nous faire appartenir au monde".
Pourtant, en arpentant le territoire, cette citation s’éclaire d’un nouveau jour : le paysage vit et existe « réellement » pour les islandais.es, tramé par les existences du «peuple caché », habitant les moraines, les herbes grasses et les rochers.
Consultés ponctuellement pour la gestion de la Cité, leurs présences possibles conditionnent les choix gouvernementaux qui sont fait par les humain.es : ainsi, les travaux d’urbanisme ou d’habitations peuvent être modulés et même suspendus.