Peut-être
Peut-être parce que j’approche le demi-siècle de présence
Peut-être parce que je vois nos enfants avancer dans un monde qui se délite
Peut-être parce que je suis depuis longtemps engagée dans la création
Je doute
Je doute et ce doute – qui a engendré des inquiétudes (que peut la création aujourd’hui) et des scrupules (faut-il encore produire) devient une ancre que j’arrime et qui me permet de naviguer en eaux-troubles.
Je tente de penser le geste artistique et les formes qui en découlent en tant qu’écosophie.
Qu’est-ce qu’un « agir artistique minimal » ?
Lunes, vidéo, 2022, 42'
« Dis-moi comment tu racontes, je te dirai à la construction de quoi tu participes » écrit Isabelle Stengers, dans Fabriquer de l'espoir au bord du gouffre.
Ma pratique de création, de recherche et d'enseignante se réfère aux trois champs disciplinaires que sont l’art, le design et la littérature et témoigne avec évidence de ma formation entre études en école d’art et de design, études de lettres et études d’histoire de l’art.
Il apparaît que toutes les pièces artistiques que j’ai pu créer et continue de créer soit au sein de mon binôme (Becquemin & Sagot) ou dans mon travail en solo croisent d’une manière ou d’une autre ces trois disciplines.
Le corps, la pratique de l’espace et la manière dont cela fait récit dans la société capitalocène se retrouvent dans toutes les œuvres que je développe depuis plus de vingt ans.
Toutefois, j’avance aujourd’hui avec incertitude et précaution.
A cet égard, l’écriture et/ou le geste performatif deviennent des lieux-refuges pour rendre compte et accepter ce que nous oublions ou refusons de voir : la répercussion de nos volontés productives et de notre puissance d’agir, qui mènent, d’un côté à la crise écologique que nous traversons, de l’autre à un constat : la vacuité de notre agitation dont l’issue ne peut être qu’une disparition.